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« L’art du presque rien »

22 octobre 2021

…sur la plupart des toiles présentées, de vieilles bouteilles, des pots, des pinceaux, quelquefois un chiffon, un seau et même un jerrycan… la profusion d’objets sans valeur, bien alignés sur les cimaises du musée, finit par jeter le trouble. D’autant que la peinture tremble légèrement, coule parfois, que les couleurs sont en train de se faner et que les contours s’estompent…

Nous voici saisis par un doux vertige : ce flou, plus artistique qu’il n’y paraît, serait-il une forme originale de néo-impressionnisme appliqué à des ustensiles promus au rang de nature morte ?

Paul Vilalta, en limitant ses thèmes, en imposant à sa palette des couleurs ternes, vert-de-gris et marron surtout, oscille entre minimalisme et « Arte Povera ».

Jusqu’où ira l’appauvrissement ? D’autres peintres ont abouti à des « presque rien » identiques, mais sans passer par la case poésie qui permet au plasticien hyérois de transcender la triste banalité d’un coup de pinceau magique.

On pense évidemment à l’intransigeance formelle d’un Giorgio Morandi, qui, il y a soixante ans déjà, (re)peignait sans cesse des bouteilles, des bols et des vases dans des tonalités encore plus sèches que celles de Vilalta. Deux artistes aux flacons à moitié vides pour l’un, à moitié pleins pour l’autre, imprégnés de la même soif d’absolu.

Marie-Pierre PAULICEVICH

Var-Matin – Nice-Matin